Ciel Brulant de Minuit by Robert Silverberg

Ciel Brulant de Minuit by Robert Silverberg

Auteur:Robert Silverberg [Robert Silverberg]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: AlexandriZ
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


KYOCERA-MERCK, LTD

CENTRE DE RECHERCHES DE WALNUT CREEK

Il avait donc la réponse qu’il attendait, même si elle ne faisait déjà plus guère de doute.

La voiture, comme sous l’emprise d’un cerveau invisible, programmé par Kyocera, franchit le poste de contrôle, longea une suite de bâtiments en brique d’aspect luxueux et pénétra sous un dôme de réception.

M. Kurashiki l’attendait ; ce n’était pas une simulation, mais un vrai Japonais, un être de chair et de sang, pourvu d’une certaine grâce reptilienne. M. Kurashiki salua cérémonieusement, à la japonaise, une rapide inclination de la tête, tel un automate. Un petit sourire, d’automate aussi. Rhodes lui rendit son sourire, mais se dispensa de la courbette. Les formalités achevées, Kurashiki conduisit Rhodes dans une cabine de transport ; elle les monta et les déposa dans un bureau qui, à en juger par le mobilier ad hoc et l’impression générale d’improvisation et d’austérité, était à l’évidence destiné à ce genre de réunion au pied levé.

Il était midi tapant.

M. Kurashiki disparut sans un bruit ; Rhodes s’avança. Un Japonais d’une taille inhabituelle se tenait précisément au centre de la pièce. Celui-ci était d’un genre totalement différent. On l’eût dit sculpté dans une obsidienne jaune-vert : traits anguleux, grain luisant de la peau, yeux noir de jais, brillants, écartés, surmontés de sourcils touffus formant une ligne continue. Pommettes très saillantes, aux arêtes vives.

Pas de salut de ce Japonais. Mais un sourire qui semblait presque humain.

— Bonjour, docteur Rhodes. Je suis extrêmement heureux que vous ayez pu nous faire l’honneur de votre présence aujourd’hui. Vous me pardonnerez, je n’en doute pas, notre petit subterfuge, le prétexte d’une affaire immobilière. Ce genre de chose est parfois nécessaire, comme vous le savez, j’en suis certain.

Il avait une voix grave et sonore, un accent étranger perceptible, l’anglais japonais moderne international, cet accent roucoulant de la race en exil qui, de ses différents refuges éparpillés aux quatre coins du globe, avait commencé à mettre au point un parler nouveau et distinctif de la langue universelle.

— Mais je ne me suis pas présenté. Nakamura, Cadre, Échelon Trois.

Une carte de visite apparut dans sa main comme par un tour de prestidigitateur, un élégant rectangle plastifié, à bordure dorée, qu’il tendit à Rhodes avec le geste preste d’une main exercée.

Rhodes regarda la carte. Les caractères métalliques émettaient une sorte de lueur intérieure de talisman. Elle portait le logo de Kyocera-Merck, le nom hideki nakamura en lettres éclatantes à trois dimensions et le chiffre 3 dans un angle. La marque du standing de Nakamura, sa position dans la hiérarchie de l’entreprise.

Un Échelon Trois ?

Un très important poste de direction, juste un cran au-dessous des deux échelons suprêmes, occupés dans leur quasi-totalité par les dynasties héréditaires qui exerçaient sur les mégafirmes un pouvoir absolu. Dans toute sa carrière, Rhodes n’avait jamais eu l’occasion de voir quelqu’un, a fortiori de parler à quelqu’un de plus haut dans la hiérarchie qu’un Échelon Quatre.

Un peu secoué, il glissa la carte dans sa poche. Nakamura lui tendait maintenant la main pour le salut occidental conventionnel.



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